DNA 29 juillet 2014.
Coup d’envoi de la huitième édition du festival « Couleurs Conte » avec Le Quéteux aux trois baguettes, un concentré de contes québécois porté haut par la compagnie ardéchoise du Beau Sauvage.
les quéteux, ça n’existe plus.
Il fut un temps, dans les campagnes de la Mauricie, où les logis étaient ouverts aux nécessiteux, couverts et lit compris. « Dans le temps de mon grand-père Tit- Dol, on les voyait sur les chemins de campagne, dans leur manteau rapiécé, le chapeau défoncé renfoncé, pis la poche sur le dos. Ça passait aux maisons : toc, toc, toc, la charité pour l’amour du Bon Dieu. Les gens n’étaient pas riches dans ce temps-là, mais : Prenez ça, un œuf à la coque, pis une main de tabac pour votre fumage. Merci, le Bon Dieu vous le rendra. Pis ça repartait ».
Alain Aymé, allure de bûcheron, conte ce vieux temps, heureux et arrêté, qui laissait la place aux hommes. Il y évoque son grand-père dont il tient le bonheur de conter. Dans ses récits, l’humour coquette avec la tendresse. D’une voix gouailleuse, il invoque le mystérieux quéteux offrant à qui l’accueille trois baguettes pour trois vœux, puis Jody Mac Brown, protecteur des chevreuils, devenu hibou au bec d’or. Entrent ensuite dans la ronde Berlicoquette, Billy Two Rivers, natif vivant dans une réserve, opposé sur un ring à un catcheur massif, et enfin, les esprits secourables des animaux de la forêt. Sagesse de sauvage ou « homme plus proche de la nature » en Mauricie. À ses côtés, deux ménestrels des temps modernes, Valérie Loomer et Alexandre Frattini, armés d’un bel attirail – mélodéon, percussions, banjo-uke, banjo, harmonica, ‘tit fer, flûte Cherokee, planche-cravate et desk bell Bien qu’établis en Ardèche, les trois complices entretiennent de forts liens avec l’Amérique du Nord. Née à New-York, Valérie Loomer a passé une partie de sa vie dans les Appalaches, Alain Aymé est originaire de Trois-Rivières au Québec, et Alexandre Frattini, spécialisé dans la musique cajun et zydéco, a longtemps séjourné en Louisiane. Coup d’envoi transformé. Un public ravi de ce « beau voyage » d’ouverture. Nicole Docin-Julien, directrice artistique du festival, a vu juste. Placé sous le signe de « la chance et du hasard », le temps fort strasbourgeois du conte continue jusqu’au 6 juin.
IULIANA SALZANI- CANTOR
Couleurs Conte jusqu’au 6 juin. Aujourd’hui, atelier Conter, un art de la parole avec Pascal Queré de 9 h à 12 h 30 et de lAh à 16h, puis La dernière Licorne, projection au cinéma Star à llh (à partir de 7 ans). Tarifs : de 4€ à 5,90. Entrée gratuite pour les accompagnateurs. Programme complet et lieux sur couleurs-conte.fr